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Où comment j’ai cousu un manteau alors que ce n’était pas prévu.
Pourquoi coudre un manteau ?
Évidemment, ce modèle de manteau, le « Vogue V1669 » me trottait dans la tête depuis un bon moment. Je ne savais pas trop à quel moment j’allais le coudre, mais je l’avais gardé dans un petit coin de mon esprit.
Et lors de notre virée couture en début septembre chez Pretty Mercerie, je suis tombée sur un très très beau coupon de lainage noir très joli qui, bien sûr, m’a tendu les bras en criant « Prends-moi, prends-moi, prends-moi ! ». Naturellement, après une brève mais intense concertation avec moi-même (dans ces cas-là, je laisse mon banquier en dehors de la discussion), je n’ai pas eu d’autre choix que d’en acheter un coupon.
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Contrairement à mes habitudes, je n’avais pas encore décidé à ce moment-là à quel projet il serait affecté et j’ai donc acheté un métrage sans vraiment savoir si j’en aurais suffisamment. Pour aller avec, j’en ai profité, puisqu’on était là-bas, pour acheter une jolie flanelle très douce qui me semblait idéale pour servir de doublure et apporter un peu de chaleur à ce lainage malgré tout assez fin.
Une fois de retour, le match patron-tissu est apparu comme une évidence : j’ai donc regroupé toutes les fournitures et je me suis lancée dans la réalisation.
Patron et réalisation
Première déconvenue, j’aurais dû faire plus attention en achetant le patron. Il y avait deux gammes de tailles et, en première approximation (sans regarder le tableau des tailles, erreur de débutant !), j’ai considéré que la plus grande taille de la plus petite gamme me conviendrait. C’était sans compter sur le fait qu’il s’agissait d’un modèle vintage avec une taille très marquée et donc, bien sûr, il manquait plusieurs, (plusieurs, plusieurs) centimètres pour que ça convienne.
J’ai donc dû mettre à profit mes compétences en gradation pour recréer la taille manquante.
Tant qu’à faire des modifications, j’ai saisi l’occasion pour raccourcir les manches, supprimer la fente de bas de manche qui ne me plaisait pas trop et, surtout, ajuster la longueur du manteau à la taille de mon coupon.
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La plaisanterie m’a demandé, il faut quand même bien le dire, un certain temps de découpage, traçage et autres décalcages. Le travail n’a pas été une mince affaire, d’autant que les papiers patrons de ce genre de pochettes sont absolument insupportables à travailler ; cela n’a pas vraiment été une partie de plaisir.
Ceci étant réalisé, j’ai enfin pu découper mes pièces de patron dans mon joli tissu ainsi que dans ma flanelle qui, pour la même raison que le lainage, était coupée au minimum et pour couronner le tout, était agrémentée de jolis motifs à carreaux qu’il fallait tout de même essayer de raccorder un peu. J’ai donc dû vraiment m’arracher les cheveux pour pouvoir trouver le placement idéal. Pour la doublure des manches, j’ai préféré opter pour une doublure classique, plus glissante que la flanelle pour faciliter l’enfilage.
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Une fois cette première et fastidieuse étape réalisée, je me suis donc attaquée au montage. Il s’est avéré globalement réalisable et sans trop de difficultés. Le tissu est agréable à travailler et se met en forme sans problèmes. Il y a quelques petites subtilités de montage, notamment au niveau du col, qui m’ont paru un peu étranges, mais bon, une fois les assemblages réalisés, tout s’est mis en place.
Les poches, par contre, m’ont donné un petit peu de fil à retordre. Prises dans une découpe et décollées sur le devant avec un large rabat, le montage était un peu inhabituel, même s’il était tout à fait logique. Bien sûr, tellement concentrée sur ce montage bizarre, ce n’est qu’après avoir quasiment terminé l’assemblage de la première poche que je me suis aperçue que j’avais oublié de monter le rabat. Heureusement, cette petite mésaventure a été vite résolue, sans trop de dégâts.
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Ayant une grosse flemme d’emmener mon manteau chez le boutonniériste pour faire les boutonnières, j’ai décidé de faire des boutonnières passepoilées. Cela a le mérite d’éviter de traverser Paris pour trouver le magasin, mais demande tout de même un petit peu de pratique supplémentaire. Évidemment, je me suis trompée de côté (j’ai pourtant vérifié 2 fois avant de me lancer !) et j’ai fait mes boutonnières sur la droite au lieu de la gauche mais bon, ce n’est pas dramatique.
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Une fois le manteau assemblé, j’ai monté la doublure sans souci. Il ne me restait plus qu’à fixer l’ourlet. Là aussi, l’opération a été un petit peu laborieuse. L’arrondi du bas de vêtement étant assez marqué, ma tentative de finition à la machine, censée être plus rapide s’est soldée par un échec car l’ourlet avait tendance à gondoler. J’ai donc repris l’ourlet et opté pour une finition à la main et fait un point de chausson pour fixer mon rempli. Après un premier essayage, j’ai donc dû rectifier la courbe de l’ourlet pour le remettre à la bonne hauteur puis refaire mon point de chausson pour enfin refermer ma doublure.
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Au moment du placement des boutons, je me suis rendue compte que la taille était tout de même encore un peu marquée, voire un peu trop serrée, pour être honnête (note pour plus tard : ne pas faire d’essayages juste après Noël). J’ai donc défait à nouveau une partie de l’ourlet pour pouvoir réajuster mes valeurs de couture. Après avoir pesté longuement contre ce modèle et les marques anglo-saxonnes avec leurs 1,5 cm de valeur de couture, j’étais bien contente de les avoir pour récupérer pratiquement 3 cm en divisant les marges par deux au niveau de la taille. Ce dernier point étant résolu, mon manteau était enfin terminé.
Verdict
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En conclusion,ce projet un peu “boulet” m’aura demandé du temps, mais tout de même, le tissu est vraiment beau, la coupe, très seyante, me plait beaucoup et les boutonnières sont réussies. Heureusement que j’ai raccourci le bas sinon j’aurai eu l’impression de faire un remake de Matrix !
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J’aurais préféré, peut-être, que l’encolure soit un peu moins creusée et que le boutonnage arrive légèrement plus haut, mais malgré tout ça, le rendu est vraiment très à mon goût . Je suis assez contente de ces grandes poches, car j’ai un petit point faible : j’y mets souvent les mains ! Là, je peux en profiter : pour y mettre un bon kilo de pommes de terre, je pense que c’est tout à fait jouable.
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En tout cas, cela me servira de leçon : coudre un tissu noir en hiver, lorsque la luminosité est au plus bas, n’est franchement pas la meilleure option !
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Bonjour ! 👋
Article très intéressant sur les choses auxquelles il faut faire attention pour un manteau. Modèle superbe en tout état de cause. Les subtilités des formes de poches et de col donnent un air très chic à ce manteau, et effectivement, le TT devait être un premier point d’attention majeur !
J’ai toutefois une question, parce que c’est la 1ère fois que j’entends parler de ça… Qu’est-ce que c’est qu’un « boutonnièriste » ? Ne me dites pas que ce métier existe réellement ?? 😲😲 Ou bien si ? Il y a réellement qq’un/e à Paris (voire d’autres ailleurs d’ailleurs !) qui n’est là que pour ça ? Il faudrait nous présenter ce métier, ce serait super intéressant ! 🤗
Merci pour cet article !
Bon dimanche à vous !
Bonjour Claire,
Merci pour votre message.
Il y a en effet à Paris quelques endroits dont l’emplacement se transmet de bouche de couturière à oreille de couturière, spécialisés dans la réalisation des boutonnières. Ils possèdent toutes les machines pour réaliser les différentes formes de boutonnières ce qui est bien plus efficace (et moins risqué) à faire que sur nos machines familiales.
S’il sont ouverts aux particuliers, ils travaillent essentiellement avec les ateliers de couture. Dans d’autres villes, cela doit exister également. Certains retoucheurs ont certainement aussi ce type de matériel.
Bonne journée,
Aurore